Paradigma - Reconstrucción
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L'ÉCRITURE DE L'HISTOIRE EST-ELLE FINIE?
Carlos Barros
Universidad de Santiago de Compostela
Heureusement, non.
La production d'articles et livres d'histoire vient d'augmenter
spectaculairement au même temps que s'accroît les interrogations et aussi
les réponses, practiques plus que théoriques, des historiens
professionnels: le public à qui je m'adresse normalement pour parler de la méthode,
l'historiographie ou la théorie de l'histoire. Je préfère parler, donc, de
changement de paradigmes (voir "Vers le nouveau paradigme
historiographique") au lieu de décadence, ou d'une crise de l'histoire
entendue simplement comme décadence disciplinaire. Nous vivons il y a plus
d'une décennie une substitution de paradigmes inachevée et généralement
inaperçue, même à l'intérieur des communautésd'historiens.
La chute des grandes paradigmes rénovateurs du XXe siècle (l'école des
Annales et le marxisme, sur tout), l'offensive d'autres disciplines sur
l'histoire (notamment la philosophie et la littérature), et les contraintes
du public lecteur en faveur d'une histoire romancée, ont provoqué une réaction
vigoureuse des historiens, plus practique que théorique comme toujours, pour
la vieille histoire positiviste et ses sujets. Ce retour d'anciennes
certitudes sur le métier, rarement reconnu mais tout à fait réel, est la réponse
d'une part importante des autrefois "nouveaux historiens" à
la prétendue identification -posmoderne radical- entre fiction et histoire,
c'est-à-dire, "history" comme "story". Réponse
corporative et conservatrice, bien sur, aussi bien moins que la position
contraire encore plus conservatrice: le grand retour de l'histoire au roman,
aux temps antérieurs à sa constitution comme profession, en somme, au XIXe
siècle.
La réaction positiviste des historiens professionnels et les contraintes de
la lingüistique et de la littérature dans l'académie, les média, les
maisons d'éditions..., peuvent, par ailleurs, faciliter l'avance de notre
discipline dans le nouveau siècle, créant les conditions nécessaires pour
la synthèse. A mon avis, pour affronter les défis et aller en avant, il faut
essayer les différentes synthèses créatives entre la "vieille" et
la "nouvelle" histoires (il y a déjà des exemples dans les champs
de l'histoire politique et de la biographie) de façon que le produit final
soit diverse des components initiaux et puisse enrichir tant l'histoire, malgré
tout narrative, comme la fiction, malgré tout historique. Je résume alors
mes propositions pour le débat et l'action historiographique:
1. Tout ouvrage historique est, de toute façon, narrative. Quand nous écrivons
l'histoire nous utilisons toujours des éléments propres du récit en général,
mais il faut le reconnaître: de façon plus maladroite que le récit de
fiction, en revanche de façon plus réaliste et rigoureuse que le romanciers.
2. Cette narrativité de l'histoire, bien explicite ou implicite, n'empêcherait
pas que le récit historique, fruit de la recherche sur les sources, qui peut
être explicative, scientifique, engagé avec différentes idéologies...
Parce que le récit n'est pas seulement une forme, il fait partie aussi du
contenu, du processus de la recherche historique (sur le nouveau consensus des
historiens ouvert à tous les genres historiographiques, voir la thèse 8 de
"L'histoire qui vient", sorte de conclusion du I Congrès HED) qui dépend
de l'historien en dernier ressort.
3. Bref, nous avons besoin de mettre en oeuvre une nouvelle histoire narrative,
comme ligne de recherche et divulgation, qui profite à la limite les
possibilités de différents types de récits, sans renoncer naturellement
à la rigueur historique, en explicitant même le point de vue
de l'historien comme "narrateur", envisageant le rapport de
l'histoire/récit, par conséquence, de manière bien différente à
l'histoire traditionnelle, au roman historique et à la déjà vieille
nouvelle histoire -mais non tant comme la vieille vielle histoire- qui
pratiquait le récit sans le savoir. La nouvelle histoire narrative peut être
une bonne contribution au dépassement de la séparation positiviste objet/sujet,
vers la construction du nouveau paradigme historiographique qui remet en
rapport les historiens avec la société et le nouveau concept de science avec
conscience, d'objet avec sujet.
Nota: Départament d'histoire de l'Université Catholique Louvain-la-Neuve..Louvain-
la-Neuve, 30 mars 2000. Séminaires: L'écriture de l'histoire est-elle finie?